Gauthier Delomez
08h40, le 25 octobre 2021, modifié à
10h23, le 25 octobre 2021
Non, l’Education nationale n’a pas été laxiste dans l’affaire de l’assassinat de Samuel Paty, assure-t-il. « Je n’ai même pas envie d’en parler tellement la démarche est lamentable », assène le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer sur Europe 1, à propos du livre de David Di Nota. Le romancier et auteur de J’ai exécuté un chien de l’enfer accuse en effet l’Académie d’avoir rapporté dans une enquête une soi-disant « erreur » du professeur Samuel Paty dans sa façon d’enseigner, après que ce dernier se soit appuyé sur des caricatures de Mahomet dans ses cours. Ce que conteste le ministre.
« Il n’y a aucune enquête. Mais rien que de dire ça, c’est déjà donner de l’importance [à David Di Nota ndlr] », regrette le ministre, qui met en avant l’enquête en cours sur l’assassinat de l’enseignant. « S’il y avait des failles de l’institution dont j’ai la responsabilité, je n’aurais aucune difficulté à le reconnaître. N’allons pas chercher des choses qui sont fausses simplement pour faire scandale », se défend Jean-Michel Blanquer.
« Ce n’est pas bon pour le débat démocratique »
Dans son livre, David Di Nota reproche à l’Éducation nationale de ne pas avoir soutenu Samuel Paty dans son approche de la laïcité avec ses élèves. Le référent académique aurait « corrigé » l’enseignant en venant lui expliquer les règles de la laïcité. « Si n’importe qui peut écrire n’importe quoi, et qu’on oblige un ministre à rentrer dans la polémique avec cette personne, ce n’est pas bon pour le débat démocratique », balaye Jean-Michel Blanquer. Si la vérité est importante, ici, « ce n’est pas le cas. Le calcul de ce genre de personne est de faire scandale à partir de rien ».
Le ministre de l’Éducation nationale est aussi invité à s’exprimer sur le livre de Didier Lemaire, professeur à Trappes, qui reprochait au ministère un « déni » sur l’islamisme. Jean-Michel Blanquer reconnaît que « si les choses étaient comme ils le disent, ce serait un problème ». Avant de préciser sa lecture des faits : « La principale est allée porter plainte avec Samuel Paty au commissariat. Il a été joint par l’inspecteur adjoint de l’académie le week-end précédant le drame, en solidarité avec lui, pour envisager comment faire ». Pour le ministre, « il ne faut pas occulter ces choses-là. C’est insultant pour les personnes en question ».
« Je n’aurai aucun problème à reconnaître ce qui sera dit » après les conclusions de l’enquête
Le ministre Jean-Michel Blanquer souligne un « enchaînement de choses » avant l’assassinat de Samuel Paty. « C’est complexe. Ce qui s’est passé une fois que la plainte a été déposée ne relève pas forcément du domaine scolaire », estime-t-il, tout en assurant : « On y reviendra largement lorsque l’enquête rendra ses premières conclusions. Encore une fois, je n’aurai aucun problème à reconnaître ce qui sera dit à ce moment-là ».
Et Jean-Michel Blanquer de déplorer une atteinte sur la démocratie : « Cette volonté de faire scandale, d’entretenir des clichés sur tel ou tel sujet ne facilite pas la vie démocratique ».